«Le dieu Iula avait une fille jeune et belle, mais de fiancé au ciel elle n’en avait pas. Là-bas il n’y avait que des anges. Lula était assidu à la tâche, c’est pourquoi au ciel il ne gardait pas les travailleurs. Il faisait tout lui-même et envoyait sa fille faire paître le bétail. Au ciel il n’y a pas d’herbe, c’est pourquoi le bétail devait descendre sur terre. Aussi le dieu le faisait descendre du ciel chaque jour, et avec le bétail il faisait descendre aussi sa fille. Il ouvrait le ciel, il écartait le feutre, afin que celui-ci atteigne la terre même, et dessus il faisait descendre sa fille et le troupeau directement sur terre. Une fois étant sur terre, la jeune fille céleste rencontra un homme. Il s’appelait Mari. Il vivait sur terre et d’aucune façon ne consentait à aller chez Iula. Alors la jeune fille ne put monter au ciel et resta sur terre. Elle se maria avec Mari et d’eux survinrent des hommes. Ceux-ci furent le peuple Mari El.» Les Maris, également connus sous le nom de Tchérémisses, sont un peuple de langue et de tradition essentiellement finno-ougrienne qui se partage en deux groupes distincts : à l'ouest le long de la haute vallée de la Volga une minorité, les Maris des montagnes (ou des collines), convertis depuis longtemps au christianisme et parlant traditionnellement le Mari (langue devenue très minoritaire face à la langue russe), et une majorité à l'est, les Maris des plaines (ou des prairies), qui continuent de pratiquer leur religion d'origine, le Marla (Religion polythéiste autrefois qualifié de paganisme, également connu sous les noms de Yumin-Yula ou de Tchimari « Peuple du Soleil ») et parlant eux aussi traditionnellement le Mari. Chaque village Mari a son « karte », prêtre Marla. Jusqu'en 1887 on pouvait assister à des prières collectives, avec la participation de tous les kartes et de dizaines de milliers de pèlerins. Les autorités tsaristes interdirent par la suite ces rassemblements religieux. Depuis 1991, on assiste à une renaissance du Marla. Il s'agit de la plus grande association religieuse non abrahamique de la Fédération de Russie. Son grand prêtre est l'écrivain mari Louzykaïne. Le dieu-créateur suprême des Maris, chef des autres dieux, se nomme « Blank ». Il est anthropomorphe. Le panthéon marla en compte des dizaines d'autres : le dieu de la vie organique, la Terre-mère, la Mère-Soleil et les esprits de la nature qui habitent les bois et les arbres sacrés. À la différence des autres religions non abrahamiques russes, les Maris ne vénéraient pas d'idole, mais les forêts sacrées. Au cours des siècles la vie des Maris était étroitement liée au paganisme, qui se reflète dans les coutumes et les fêtes des Maris. Toutes les coutumes et fêtes se concentrent autour de deux sujets essentiels : les relations avec la nature et le culte des ancêtres. Les Maris considéraient la nature comme le début de tous les débuts. La Terre est notre mère, l'eau est notre père - proclame un proverbe mari. Pour l'exercice des rites religieux et culturels les Maris choisissent les lieux isolées dans les bosquets. Dans ces lieux on ne coupait jamais les arbres, l'herbe, on n'y ramassait pas les baies et les champignons, on n'y prononçait pas de mots grossiers. Il était interdit en particulier de prononcer le mot Keremet (nom du dieu principal du Mal, du Diable) afin de ne pas profaner le lieu sacré. Les Maris considéraient le bouleau, le chêne et le sapin comme arbres sacrés. La communication avec les dieux célestes avait lieu 3 fois par an : au printemps, en été, et en automne. Tous ces rites sacrés et les prières religieuses s'accompagnaient du jeu de différents instruments musicaux : le guslé ( kuslé ), le cornemuse (chuvyr), le tambour (tumyr). De nos jours on peut écouter jouer du chalumeau et du gusli pendant les fêtes et les noces. Sources : Le peuple des Maris, Au fil de la Volga, Les coutumes des Maris Pour en savoir plus : la Religion des Maris Les commentaires sont fermés.
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