Maria Talantio était une déesse chtonienne, célébrée à Luginaissatis pour fêter la moisson, les récolte, et annoncer le début de l’automne.
L’assemblée de Lugus, dans la roue zodiacale, correspond à la saison des moissons où l’évolution printanière s’est achevée, et va laisser la place à l’involution automnale. Elle est un signe centripète comme la couleur bleue, qui va dépouiller la terre de son manteau de verdure, la dénuder, la dessécher. C’est le moment de la fête de Talantio, de la Mère. « Tailtiu d’où vient le nom ? Ce n’est pas difficile. Tailtiu, fille de Magmor, femme d’Echad le rude, fils de Duach le sombre, c’est elle qui fit la forteresse des Otages à Tara. Elle était nourrice de Lug, fils de Scal le muet. C’est elle qui demanda à son mari de défricher la forêt de Cuan pour qu’on tint une assemblée autour de son tombeau. Puis elle mourut aux calendes d’août. Sa plainte et ses jeux furent célébrés par Lugaid, d’où nous disons Lugnasad » (Dindshenchas de Rennes) Il est clair que la divinité dont on recherche les faveurs a un caractère chtonien. Le nom même de Tailtiu est caractéristique : Tailtiu, génitif Tailten, remonte à *Talantio, dérivé du même terme que talamh, le terme courant pour la terre en irlandais : *tala-mo, génitif talmhan, *talamon(os) : la racine est Tal-. Tailtiu et Trogan, nom de la terre au sens très précis de « productrice », sont synonyme. « Trogan est évidemment la productrice, la terre féconde, tandis que talamh est le sol, la force de la terre. Il n’y a donc aucun doute que le mois d’août n’ait été, chez les anciens Irlandais, le mois consacré à la Terre-Mère. » (J. Loth) Sa correspondance indienne est la fête de Tîj, célébrée au mois d’août, et consacrée à la déesse Pârvatî, la puissance de procréation. Aspect spatial, permanent et paisible, Pârvatî, la Fille-de-la-Montagne-Polaire (l’axe du monde) de laquelle jaillit l’énergie terrestre, est une aimable déesse. Nous discernons donc en Talantio beaucoup plus qu’une simple déesse éponyme : Talantio est l’Irlande concentrée en un point que nous appellerions volontiers l’Omphalos royal, le centre de la terre, l’axe du monde Cette garantie est particulièrement fiable : epo- et ashva- désignent bien le cheval, en gaulois et en sanskrit. De même meduos s’identifie à medha. Le gaulois -meduos qui veut dire « en morceau » évoque, tout comme le mot sanskrit , l’idée de sacrifice. « …Il existe dans la partie septentrionale la plus éloignée de l’Ulster, près de Kennelcunnil, une peuplade accoutumée, par un rite barbare, à se donner un roi de la façon suivante : toute la population s’étant rassemblée au même endroit, on amène au milieu de l’assistance une jument blanche. Et celui que l’on va élevé à la dignité de prince s’unit à l’animal. La jument est tuée aussitôt après et cuite par morceaux dans l’eau qui servira de bain au roi. Tout en se baignant il mange les morceaux de viande qu’on lui présente. Cela accompli, sa souveraineté et son autorité sont consacrées. » (Giraud de Cambrie) Cette description, bien qu’inversée par rapport à l’Ashvamedha indien (en Inde c’est la reine qui s’accouple symboliquement avec un étalon) est conforme aux préceptes celtes qui veulent que se soit la Terre-Mère qui octroie la souveraineté au futur prince en lui faisant « l’amitié de sa cuisse ». Ce sacrifice, enchaînant symboliquement les principes Terre-Mère, Lune-Eau, Sexualité-Fertilité, Végétation-Renouveau périodique permet de découvrir qu’aux fils des temps les divinités chtoniennes deviennent, dans les civilisations de cultivateurs, des divinités agraires. Le cheval ne fait pas exception à la règle. A Rome, lors de l’October equus, on sacrifié, au lendemain des récoltes un cheval dédié à Mars. Sa tête était garnie de grains en remerciement de la moisson engrangée tandis que la queue de l’animal était portée à la maison du roi avec grande célérité. En Celtie, c’est Maria Talantio la déesse Terre, la Jument-blanche qui assure par son sacrifice la pérennité et le bien-être matériel de son peuple. La commémoration perpétuelle et les jeux funèbres, les courses de chevaux, le marché, les concours de poésie sont la garantie et la contrepartie de ce bien-être. La non-célébration de la fête est une cause de calamité et c’est au prince régnant de veiller à ce que rien de tel ne se produise. Voilà pourquoi en ce jour on prie, non pas le dieu Lugus, mais la déesse Maria Talantio, la « Plus-grande-Terre », mère nourricière de Lugus. « Ce fut Lughaid à la longue main qui créa le premier l’assemblée de Tailtiu en commémoration annuelle de sa propre nourrice Tailtiu, fille de Maghmor et femme d’Eochaid, fils d’Erc, dernier roi des Fir Bolg comme nous l’avons dit plus haut, quand Tailtiu eut été ensevelie par Lughaid sous cette colline il fonda la foire de Tailtiu en souvenir d’elle. C’est pour cette raison qu’on appela Lughnasadh, c’est-à-dire nasadh ou commémoration de Lugh. » (History of Ireland) En résumé les relations de Lugus et de Talantio s’inscrivent dans le cadre d’une fête royale obligatoire, protectrice, garantissant la paix et l’abondance. Cette assemblée, selon les dates retrouvées sur la Table de Coligny, elle-même, durait très précisément dix-neuf jours. Source : http://druuidiacto.forumculture.net/t8-les-sacrifices-rituels
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