Créés au 16ème siècle par Sankaradeva, les Satras sont les monastères de l’Assam à vocation culturelle et artistique. Ils sont les seuls monastères qui existent dans l’Hindouisme. On en compte encore 665 répartis dans la vallée du Brahmapoutre. Ensemble, ils abritent environ 2000 religieux dont 1000 sur la seule île de Majuli. Les enfants y sont adoptés vers l’âge de 5 ou 6 ans, parfois plus jeunes. Leur destin sera de rester moines célibataires. L’enfant moine intègre pour la vie une cellule familiale composée de 2 à 4 moines de générations différentes. Quand il aura une vingtaine d’années, il accueillera à son tour un enfant tout en veillant sur ceux, devenus vieux, qui l’ont élevé. La plupart des moines du groupe des moines danseurs de Majuli ont déjà un enfant à charge. Chacune de ces familles monacales occupe une maison dans l’enceinte du satra qui est un foyer conforme au modèle laïque traditionnel, sauf qu’il n’est composé que d’éléments masculins. Les moines (ou bhakats) ne prononcent pas de vœux, et restent libres de quitter le monastère s’ils ont d’autres projets. Les départs restent cependant rares. Ils sont irrévocables mais n’enlèvent rien au lien fraternel qui unit ces hommes. Leur pratique religieuse de la bhakti (l’amour dévotionnel) et leur totale absence d’esprit prosélyte en fait des hommes tolérants et respectueux des idées des autres. Libres de se déplacer, les moines entretiennent des relations régulières avec leurs familles d’origine. Les rudes conditions de la vie rurale des moines-artistes de Majuli contrastent avec la subtilité de leur art. Outre les prières quotidiennes, ils pratiquent leurs disciplines artistiques au lever du soleil et à la tombée de la nuit et s’acquittent dans la journée des tâches domestiques, agricoles et artisanales. Ils ne vivent pas de dons et certains occupent un emploi à l’extérieur du monastère. Sankaradeva (1449-1568), fondateur des SatrasMaître spirituel avant tout, Sankardeva fut aussi un réformateur social, un humaniste et un visionnaire influent. Il fut notamment l’un des premiers à oser faire tomber les barrières entre les hommes de castes ou de religions différentes, à lutter contre les coutumes barbares de sacrifices humains et animaux. Mais c’est aussi à ses talents de poète, écrivain, musicien et dramaturge, que l’Assam doit son héritage artistique. Il comprit très tôt que les arts vivants seraient le meilleur outil pour faire évoluer une pensée progressiste issue des sagesses de l’Inde ancienne. Il créa alors des monastères pour des hommes qui s’appliqueraient dans leur vie quotidienne à mettre en pratique une philosophie de l’existence. Ils travailleraient aux champs pour gagner leur vie. Mais aussi, et surtout, ils seraient en plus artistes! Un concept qui reste inédit! Pour démocratiser la culture, il traduisit des textes du Sanskrit en assamais, la langue régionale, qu’il illustra dans un style universel, accessible aux illettrés. Devenu une figure emblématique de l’Assam, Sankardeva fait désormais partie intégrante de l’histoire de la pensée indienne. Source : Majulis
0 Commentaires
Laisser un réponse. |